10-Orange mécanique

Séance N°10 : 28 Avril 2016
Orange Mécanique
S. Kubrick
1971






A/ ÉTUDE DU FILM
 

  • Commentaire philosophique

« Bizarre », tel est le qualificatif qui est revenu le plus souvent dans la bouche des jeunes (et moins jeunes) spectateurs, que nous avons interrogé au sujet d’Orange mécanique. Titre étrange en effet… On ne peut pourtant pas dire que l’ultra violence de bandes de jeunes désœuvrés ne nous soit pas familière, non pas que nous soyons réellement confrontés à celle-ci mais en raison de sa projection amplifiée dans l’espace médiatique. Si le langage de cette bande nous échappe, ce n’est pas plus que le verlan ou le vocabulaire de la jeunesse actuelle, dont le célèbre « boloss » a les honneurs du dictionnaire comme des belles lettres, ce qui scandalise plus d’un. Tenues excentriques, paysages urbains, graffitis, mauvais goût et pornographie, font partie du paysage et notre XXI° siècle semble alors, aux yeux d’un grand nombre d’analystes du monde postmoderne, aussi nihiliste que celui dépeint par Kubrick en 1971. Alors en quoi ce film peut-il être « bizarre » ? Notre « société liquide » (pour reprendre l’expression de Zygmunt Bauman) a d’autant plus besoin de simplicité et de manichéisme qu’elle évolue dans le vide. Le relativisme d’indifférence par lequel chacun se dispense de penser, puisqu’aussi bien « tout le monde a le droit d’avoir ses opinions » et que donc « toutes les opinions se valent », dilue les valeurs et estompe les repères, ils disparaissent dans une brume grisâtre et fugitive au gré des influences de la rumeur. Aussi ressent-on avec encore plus d’acuité le besoin de repères forts, d’autant plus forts qu’ils seront plus simples. D’où l’engouement pour les films nous présentant le combat titanesque du Bien contre le Mal à travers des super-héros et des super-méchants. Certes, ceux-ci connaissent leur lot de tourments existentiels et d’hésitations entre liberté et sécurité, vengeance et justice, mais au final tout rentre dans l’ordre et on peut reconnaître aisément les bons et les méchants. Rien de semblable dans Orange mécanique. Alex et ses potes sont de véritables criminels, des sociopathes sadiques. A aucun moment ils ne nous sont présentés comme des rebelles contre un monde inique, des hors-la-loi romantiques dont nous pourrions partager la révolte. Au contraire, le film nous les montre tout de suite comme dénués de toute empathie à l’égard d’un pauvre clochard, qui invoque en vain l’injustice de la vie qu’il subit. Ils ont d’autant plus de plaisir à le battre qu’il est une victime réclamant la compassion et qu’en le battant ils savent qu’ils font quelque chose d’odieux et d’immoral. A l’encontre du fameux « Nul n’est méchant volontairement »(1) de Socrate, ils prennent un malin plaisir à faire le mal pour le mal, ce qui est la perversité même. Platon, à travers le personnage de Calliclès, avait déjà envisagé un type de jeunesse sans scrupule, orgueilleuse de sa force et prête à écraser les plus faibles. Mais Calliclès justifiait sa domination par son appartenance à une élite aristocratique, son arrogance avait au moins l’élégance de se vêtir d’une prétention à l’excellence. Rien de tel avec Alex et sa bande, aucune justification, aucune valorisation de leur conduite, le simple plaisir de faire le mal. Seule la passion d’Alex pour Beethoven et la neuvième symphonie détonne dans la vulgarité et la brutalité de la bande. Mais n’est-elle pas là pour nous rappeler que, contrairement à ce que certains ont pu croire ou espérer, l’art ne peut pas à lui seul fonder l’humanité ? Même si on peut penser, avec Nietzsche, que « sans la musique la vie serait une erreur » (2) on peut, hélas, être mélomane et criminel en même temps et ce n’est évidemment pas un hasard si on impose à Alex des images de l’Allemagne nazie sur fond de Beethoven dans le cadre de l’expérience de thérapie par aversion à laquelle il se prête pour essayer d’échapper à son incarcération. C’est ici d’ailleurs que se noue la « bizarrerie » du film, car, si Alex est un criminel auquel on ne peut être tenté de s’identifier, on ne peut pas non plus adhérer pleinement à l’entreprise par laquelle les autorités cherchent à éradiquer la criminalité. A la violence gratuite d’Alex répond une violence institutionnelle, une violence d’Etat servie par la techno science d’une psychothérapie sans âme. Outre que cette « désensibilisation » à la violence prend la forme paradoxale d’une véritable séance de torture, on comprend bien que le principe même de cette entreprise consiste à supprimer la liberté au nom de la sécurité. Le pouvoir ne se soucie pas de morale, seul lui importe l’efficacité du maintien de l’ordre. A-t-on encore à faire à des êtres humains si la manipulation mentale et le dressage comportemental ne laissent plus aux individus d’autres options que celles choisies par les dirigeants ? Certes, la délinquance et les déviances de toute sorte créent le désordre, l’inquiétude, et produisent une multitude de nuisances. Certes on pourrait rêver d’un monde dans lequel les individus ne se conduiraient plus du tout de manière irresponsable. Mais un tel monde serait la forme la plus aboutie du totalitarisme. C’est vers ce totalitarisme que nos démocraties consuméristes évoluent doucement depuis quelques décennies déjà. Les politiques de santé publique et de sécurité routière traquent de plus en plus les comportements « à risque » et exercent une pression de plus en plus forte sur eux. Pour « sauver des vies » bien sûr, et parce que cela coûte cher à la sécurité sociale et donc à la collectivité. Mais jusqu’où peut-on aller ainsi pour « la bonne cause » sans supprimer la liberté individuelle et, avec elle, ce qui fait notre humanité ? La démocratie ne se distingue-t-elle pas du totalitarisme par sa capacité à supporter en son sein la diversité et, avec elle, toutes sortes d’imperfections ?

Orange mécanique soulève toutes ces questions, sans nous donner de réponses. En un temps où l’on préfère consommer des réponses toutes faites que réfléchir, c’est cela qui parait « bizarre ».

(1) Platon, Gorgias. 
(2) Nietzsche, Le crépuscule des idoles, § 33.
PF





  • Textes philosophiques 

@ « La mise en place d’une délinquance qui constitue comme un illégalisme fermé présente un certain nombre d’avantages. Il est possible d’abord de la contrôler (en repérant les individus, en noyautant le groupe, en organisant la délation mutuelle) : au grouillement imprécis d’une population pratiquant un illégalisme d’occasion qui est toujours susceptible de se propager, ou encore à ces troupes incertaines de vagabonds qui recrutent selon leurs passages et les circonstances des chômeurs, des mendiants, des réfractaires, et qui se gonflent parfois – on l’avait vu à la fin du XVIII° siècle – jusqu’à former des forces redoutables de pillage et d’émeute, on substitue un groupe relativement restreint et clos d’individus sur lesquels on peut effectuer une surveillance constante. (…) Or cet illégalisme concentré, contrôlé et désarmé est directement utile. Il peut l’être par rapport à d’autres illégalismes : isolé à coté d’eux, replié sur ses propres organisations internes, voué à une criminalité violente dont les classes pauvres sont souvent les premières victimes, investi de toute part par la police, exposé à des longues peines de prison, puis à une vie définitivement « spécialisée », la délinquance, ce monde autre, dangereux et souvent hostile, bloque ou du moins maintient à un niveau assez bas les pratiques illégalistes courantes (petits vols, petites violences, refus ou détournements quotidiens de la loi), il les empêche de déboucher sur des formes larges et manifestes, un peu comme si l’effet d’exemple qu’on demandait autrefois à l’éclat des supplices, on le cherchait maintenant moins dans la rigueur des punitions, que dans l’existence visible, marquée, de la délinquance elle-même : en se différenciant des autres illégalismes populaires, la délinquance pèse sur eux. »

Michel Foucault, Surveiller et punir, chapitre 11, p. 283, Gallimard, 1975.



@ « Calliclès : Que tu es plaisant ! Ce sont des imbéciles que tu appelles tempérants.

Socrate : Comment cela ! Qui ne voit que ce n’est pas d’eux que je parle ?

Calliclès : C’est d’eux très certainement Socrate. Comment en effet un homme pourrait-il être heureux, s’il est esclave de quelqu’un. Mais voici ce qui est beau et juste suivant la nature, je te le dis en toute franchise, c’est que, pour bien vivre, il faut laisser prendre à ses passions tout l’accroissement possible au lieu de les réprimer, et, quand elles ont atteint toute leur force, être capable de leur donner satisfaction par son courage et son intelligence et de remplir tous ses désirs à mesure qu’ils éclosent.

Mais cela n’est pas, je suppose, à la portée du vulgaire. De là vient qu’il décrie les gens qui en sont capables, parce qu’il a honte de lui-même et veut cacher sa propre impuissance. Il dit que l’intempérance est une chose laide, essayant par là d’asservir ceux qui sont mieux doués par la nature, et, ne pouvant lui-même fournir à ses passions de quoi les contenter, il fait l’éloge de la tempérance et de la justice à cause de sa propre lâcheté. (…) La vérité, que tu prétends chercher, Socrate, la voici : le luxe, l’incontinence et la liberté, quand ils sont soutenus par la force constituent la vertu et le bonheur ; le reste, toutes ces belles idées, ces conventions contraires à la nature, ne sont que niaiseries et néant. (….)

Socrate : On a donc tort de dire que ceux qui n’ont aucun besoin sont heureux.

Calliclès : Oui, car, à ce compte, les pierres et les morts seraient très heureux.

Socrate : Cependant, même à la manière dont tu la dépeins, la vie est une chose bien étrange. (…) Et il est possible que réellement nous soyons morts, comme je l’ai entendu dire à un savant homme, qui prétendait que notre vie actuelle est une mort, que notre corps est un tombeau et que cette partie de l’âme où résident les passions est de nature à changer de sentiment et à passer d’une extrémité à l’autre, (…) il a appelé de même les insensés non initiés et cette partie de leur âme où sont les passions, partie déréglée, incapable de rien garder, il l’a assimilée à un tonneau percé, à cause de sa nature insatiable. Au rebours de toi, Calliclès, cet homme nous montre que, parmi les habitants de l’Hadès – il désigne ainsi l’invisible – les plus malheureux sont ces non-initiés, et qu’ils portent de l’eau dans des tonneaux percés, avec un crible troué de même. Par ce crible il entend l’âme et il assimilait à un crible l’âme des insensés, parce qu’elle est percée de trous, et parce qu’infidèle et oublieuse, elle laisse tout écouler. »

Platon, Gorgias, 491d-494b.



@ « Le vol, en tout cas, est puni par ta Loi et par ta Loi qui est écrite dans le cœur des hommes, et que leur iniquité n’abolit pas : car existe-t-il un voleur qui supporte avec sérénité de se faire voler ? Non, fut-il dans l’opulence, et son voleur traqué par l’indigence !

Eh bien, moi, j’ai consenti à commettre un vol, et je l’ai commis sans y être poussé par la misère, mais tout simplement par pénurie et dégoût de justice, gavé que j’étais d’iniquité. Car ce que j’ai volé, je l’avais en abondance, et de bien meilleure qualité ; et ce dont je voulais jouir, ce n’était pas l’objet visé par le vol, mais le vol lui-même et la transgression.

Il y avait, proche de nos vignes, un poirier, chargé de fruits qui n’étaient alléchants ni par leur apparence, ni par leur saveur. Entre jeunes vauriens, nous allâmes secouer et dépouiller cet arbre, par une nuit profonde – après avoir, selon une malsaine habitude, prolongé nos jeux sur les places -, et nous en retirâmes d’énormes charges de fruits. Ce n’était pas pour nous en régaler, mais plutôt pour les jeter aux porcs : même si nous y avons goûté, l’important pour nous, c’était le plaisir que pouvait procurer un acte interdit.

Voilà mon cœur, ô Dieu, voilà mon cœur que tu as pris en pitié au fond de l’abîme. Qu’il te dise maintenant, mon cœur que voilà, ce qu’il y cherchait : pratiquer une malice gratuite, sans autre mobile à ma malice que la malice même ! Elle était honteuse et pourtant je l’ai aimée. J’ai aimé ma dégradation, non ce pourquoi je me dégradais, mais ma dégradation elle-même : turpitude d’une âme désertant ta forteresse pour s’écrouler en ruine, en quête non d’un objet au prix de l’infamie, mais de l’infamie elle-même ! »


Saint Augustin, Les Confessions, Livre II, IV, 9, trad. P. Cambronne, Gallimard, 1998.



@ « Les actes volontaires se divisent en actes qui sont faits par choix réfléchi et en actes qui ne sont pas faits par choix : sont faits par choix ceux qui sont accompli après délibération préalable, et ne sont pas faits par choix ceux qui sont accomplis sans être précédés d’une délibération. Il y a dès lors trois sortes d’actes dommageables dans nos rapports avec autrui : les torts qui s’accompagnent d’ignorance sont des fautes, quand la victime ou l’acte, ou l’instrument, ou la fin à atteindre sont autres que ce que l’agent supposait (il ne pensait pas frapper, ou pas avec telle arme, ou pas telle personne, ou pas en vue de telle fin, mais l’évènement a tourné dans un sens auquel il ne s’attendait pas : par exemple, ce n’était pas dans l’intention de blesser, mais seulement de piquer, ou encore ce n’était pas la personne ou ce n’était pas l’instrument qu’il croyait). Quand alors le dommage a eu lieu contrairement à toute attente raisonnable, c’est une méprise, et quand on devait le prévoir raisonnablement, mais qu’on a agi sans méchanceté, c’est une simple faute (…). Quand l’acte est fait en pleine connaissance mais sans délibération préalable, c’est un acte injuste, par exemple tout ce qu’on fait par colère, ou par quelque autre de ces passions qui sont irrésistibles ou qui sont la conséquence de l’humaine nature (…). Mais quand l’acte procède d’un choix délibéré, c’est alors que l’agent est un homme injuste et méchant. »


Aristote, Ethique à Nicomaque, V, 10, Trad. J. Tricor, Vrin, 1983.



@ « Justice, force.

Il est juste que ce qui est juste soit suivi ; il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi.

La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique.

La justice sans force est contredite, parce qu’il y a toujours des méchants. La force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et pour cela faire que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste.

La justice est sujette à dispute. La force est très reconnaissable et sans dispute. Aussi on n’a pu donner la force à la justice, parce que la force a contredit la justice et a dit qu’elle était injuste, et a dit que c’était elle qui était juste.

Et ainsi ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste. »

B. Pascal, Pensées, 94.



@ « Le criminel qui connaît tout le cours des événements, ne trouve pas son acte autant en dehors

de l’ordre et de l’intelligibilité que le font ses juges et ses censeurs ; mais sa peine, elle, lui est précisément mesurée en proportion du degré d’étonnement qui s’empare de ces derniers à la vue de son acte, en tant que chose incompréhensible. - Si la connaissance que le défenseur d’un criminel possède de l’affaire et de ses antécédents va assez loin, les circonstances dites atténuantes qu’il produit à la file doivent nécessairement finir par abolir entièrement la faute. Plus précisément encore, le défenseur atténuera pas à pas et finira par effacer complètement cet étonnement qui condamne et mesure la peine, en obligeant tout auditeur sincère à s’avouer en son âme et conscience : « Il devait agir comme il a agi ; nous punirions, si nous punissions, l’éternelle Nécessité. » - Mesurer le degré de la peine au degré de connaissance que l’on a de l’histoire d’un crime, ou que l’on peut en somme arriver à en avoir, n’est-ce pas aller contre toute équité ? »


F. Nietzsche, Humain, trop humain, II° partie, Le voyageur et son ombre, 24.



@ « A peine a-t-on commencé à réfléchir sur la physiologie du criminel que l’on se trouve déjà face à cette évidence : il n’existe pas de différence essentielle entre les criminels et les malades mentaux : en admettant que l’on tienne la façon de penser courante en morale pour la façon de penser propre à la santé intellectuelle. Aucune croyance n’est aujourd’hui l’objet d’une foi aussi ferme que celle-ci ; ne craignons donc pas d’en tirer les conséquences et de traiter le criminel comme un malade mental : sans pitié hautaine, surtout, mais au contraire avec une intelligence médicale, une bienveillance médicale. Il a besoin d’un changement d’air, d’une autre société, d’une absence momentanée, peut-être de solitude et d’une nouvelle occupation, - bien ! Peut-être voit-il lui-même avantage à vivre un certain temps sous surveillance afin d’être protégé de lui-même et d’un pénible instinct tyrannique, - bien ! (…) Il ne faut rien négliger pour redonner avant tout courage et liberté d’esprit au criminel ; on doit balayer les remords de son âme comme une chose malpropre et lui suggérer les moyens de réparer et même de compenser largement le préjudice qu’il a pu causer à l’un par un bienfait envers l’autre ou même envers la communauté. Tout ceci avec les plus grands ménagements ! (…) Quel allègement du sentiment général de la vie si l’on se débarrassait du vieil instinct de vengeance en même temps que de la croyance à la faute, et si l’on voyait même un raffinement intelligent de gens heureux dans le fait de bénir ses ennemis, comme le christianisme, et de faire du bien à ceux qui nous ont offensés ! Chassons du monde le concept de péché – et envoyons vite le concept de punition le rejoindre ! »

F. Nietzsche, Aurore, III, § 202.





  • Analyse cinématographique dans une perspective philosophique
    • Séquences étudiées
  • Le clochard
  • L'affirmation du chef (scène au ralenti)
  • Le traitement Ludovico  
..........TEXTE EN CONSTRUCTION...........SL 


  • La violence au cœur de l’homme à travers les âges : bestialité immanente ou nécessité de civilisation ?
  • Comment appréhender les deux composantes inhérentes à l'humanité pour en dégager la fonction de l'historicité et donc de la liberté. 
Films (liens)
  • Orange Mécanique 
  • Les chiens de paille 
  • Flandres 
  • Le Nouveau Monde 
  • Apocalypto 
  • A history of violence 

Approche philosophique
  • Nihilisme passif / actif / extatique 
  • Volonté de puissance 
  • Philosophe médecin 
  • Rôle de la vision, anthropologie du film, sensoriel 
  • Œuvre physiologique (orange mécanique / oxymore)
  • Rôle de l’état (autorité, discipline, contrôle) 
  • Légitimité de la violence 
  • L’état « redresse » les hommes 
  • Pour SK « Alex au début du film représente l’Homme à l’état de nature. » (Cf 2001) 
  • Opposition avec thèse de JJ Rousseau qui prétend que « l’homme est naturellement bon et que c’est la société qui le pervertit. » 
  • Paradoxe du début (Alex est lui-même, Cf. Sartre il « colle » à son personnage) 
  • Regard spectateur, impossibilité d’une identification classique. Puis tout s’inverse

« L’être humain est, au fond, un animal sauvage et effroyable. Nous le connaissons seulement dompté et apprivoisé par ce que nous appelons la civilisation. »

Parerga et paralipomena - SCHOPENHAUER

La culture
  • Rôle de la 9e (dualité entre vie sociale et vie et intérieure, spirituelle) 
  • Cela n’empêche en aucun cas toute dérive fasciste (Cf films programme Ludovico, autre exemple R. Scott (Hannibal/Bach)) 
  • Alex s’humanise en même temps que nous prenons part à sa chute (spectateur) 
  • Rôle des personnages « forts » et « faibles » dans le cinéma de SK 
  • Le 18ème siècle

La vision kubrickienne
  • Film qui impose au spectateur d’adopter plusieurs points de vues 
  • Film constat (civilisation) anticipation 
  • Le « moi » est toujours valorisé (Alex) 
  • L’image est prépondérante 
  • Le narcissisme prégnant 
  • Vision tragique et non pessimiste Rationalité et animalité

Interprétation psychanalytique 
  • "Malaise dans la civilisation"
  • Lecture psychanalytique (Seconde topique)

« La vie psychique de l’Homme n’est qu’une oscillation perpétuelle entre ces deux pulsions et toutes les conduites humaines comportent cette ambiguïté. La pulsion de vie et la pulsion de mort. » 
S. Freud


    • Fiche technique du film

Titre original : A Clockwork Orange
Titre français : Orange mécanique
Réalisation : Stanley Kubrick
Scénario : Stanley Kubrick d'après le roman d'Anthony Burgess L'Orange mécanique
Décors : John Barry
Costumes : Milena Canonero
Photographie : John Alcott, assisté d'Ernest Day (cadreur)
Montage : Bill Butler
Musique : Wendy Carlos
Production : Stanley Kubrick ; Si Litvinoff et Max L. Raab (exécutifs) ; Bernard Williams (associé)
Sociétés de production : Warner Bros. (États-Unis), Polaris Productions et Hawk Films (en) (Royaume-Uni)
Budget : 2,2 millions de dollars3
Société de distribution : Warner Bros.
Pays d'origine : Royaume-Uni
Langue : anglais
Format : Couleurs - 35 mm - 1.66:1 - Son monophonique
Genre : Anticipation, science-fiction, drame, thriller
Durée : 136 minutes
Dates de sortie :
États-Unis : 19 décembre 1971 (avant-première) ; 2 février 1972 (sortie nationale)
Royaume-Uni : 13 janvier 1972
France : 21 avril 19724 (Paris) ; 15 mai 1972 (sortie nationale)
Box-office :
France : 7 600 000 entrées
Monde entier : 26 589 355 $
Film interdit aux moins de 16 ans lors de sa sortie en salles en France.

Source : Wikipédia



   B/ PROGRAMME DE PHILOSOPHIE

  • Notions du programme 
    •  La liberté
    • La morale
    • Théorie et expérience
    • Le vivant
    • Autrui 
    • La société
    • La justice et le droit
    • L'Etat 

  • Notions philosophiques induites
    • La violence
    • La punition
    • La légitimité
    • L'éducation

  • Sujets de philosophie
    • Sujets possibles :
      • La science peut-elle résoudre nos problèmes sociaux ?
      • L'être humain doit-il être dressé avant d'être éduqué ?
      • Pourquoi la violence entre les hommes résiste-t-elle au temps ?
      • L'intérêt collectif doit-il primer sur celui des individus ?
      • La vitalité de l'individu peut-elle s'affirmer sans nuire aux autres ? 


    • Sujet traité avec corrigé :

  • Philosophes concernés
    • Platon
    • Aristote 
    • St Augustin
    • Pascal
    • Rousseau
    • Nietzsche
    • Freud 
    • Foucault

  • Liens avec d'autres films du cycle



    C/ TESTS ET EXERCICES 

     

    • Questions de recherches cinématographiques 

    • Questions de culture philosophique


      • Parmi les penseurs suivants lesquels considèrent que le criminel est responsable de son choix et lesquels qu’il est surtout déterminé par des causes qui le dépassent ?

        • Platon, 
        • Saint Augustin, 
        • Spinoza, 
        • Sartre, 
        • Schopenhauer, 
        • Kant, 
        • Nietzsche, 
        • Durkheim, 
        • Freud, 
        • Descartes.


      • La lutte contre la criminalité justifie-t-elle tous les moyens ou l’État doit-il respecter des limites ?
      • Quels principes fondamentaux constituent le droit moderne et empêchent un État de droit de faire tout et n’importe quoi en matière de répression ?

      • Peut-on souhaiter un monde où aurait disparue toute forme de délinquance ? A quoi ressemblerait ce monde ? Essaye d’imaginer un monde futur qui aurait supprimé toute forme de délinquance et de crime.
      • Trouve les auteurs des citations suivantes :

        • « Nul n’est méchant volontairement »
        • « La loi, c’est l’intelligence sans les passions aveugles. »
        • « Il reste soumis aux lois, celui qui n’aime pas les lois. »
        • « Lorsque la peine est sans mesure, on est souvent obligé de lui préférer l’impunité »
        • « Le droit et la peine qu’il inflige sont apparus sur Terre afin de briser l’éternel cercle vicieux de la vengeance. »

    • Suggestions et réponses